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  • Photo du rédacteurKarosan

La classe flexible...kesako !?

Educ'ange a pour projet de faciliter la transition éducative ! De nombreux enseignants se lancent et innovent.


Malheureusement ces initiatives innovantes sont souvent méconnues et peu soutenues financièrement. Alors les enseignants redoublent d'imagination, chinent et lancent des appels de dons de matériel. C'est le cas de Laura, qui avec sa classe de CP se lance dans le "flexible seating". Nous avons été sensible à son appel et nous avons décidé de l'aider financièrement et de la soutenir en faisant connaitre son initiative. Elle a gentiment accepté de répondre à nos questions, malgré une période de rentrée bien chargée ! Merci à elle. A lire jusqu'au bout, on aimerait être une petite souris pour voir les élèves évolués dans sa classe :)


1. Pourquoi avoir choisi la classe flexible ?

Ce choix est le fruit d’un cheminement. En effet, depuis la naissance de mon fils, je m’intéresse de près au développement de l’enfant, aux recherches scientifiques liées à la petite enfance et à l’enfance et à la parentalité positive.

L’éducation et l’enseignement étant très liés (je pense d’ailleurs qu’il n’y a pas de frontière franche entre les deux), j’ai donc été amenée à me questionner sur mes pratiques de classe et à m’intéresser davantage à l’expérience classe du point de vue de l’élève.

Dans un premier temps, je me suis rendue compte qu’en en période scolaire, l’enseignante est l’adulte que voit le plus l’enfant et que, la salle de classe est le lieu où l’enfant passe le plus de temps (hors temps de sommeil), il faut donc créer un cadre agréable que ce soit au niveau du lien avec ses élèves mais aussi au niveau de la salle de classe qui se doit de devenir un lieu agréable. Un enfant qui a envie de venir à l’école est un enfant prêt à apprendre.

Dans un second temps, depuis que j’enseigne au CP, cela fait déjà 4 ans, je remarquais que les élèves avaient du mal à rester en place, il y avait toujours au moins un élève debout: je vais chercher un mouchoir, j’ai envie d’aller aux toilettes, mon crayon a roulé par terre, je voulais regarder l’affiche, je ne sais plus pourquoi je me suis levée… Longtemps, j’ai cru que cela était dû au fait que j’accordais peut-être trop de souplesse aux élèves, que je n’étais pas assez stricte allant même parfois à me demander si j’avais l’autorité nécessaire pour ce niveau de classe… mais en réalité le besoin de bouger est physiologique: un enfant qui a la bougeotte c’est normal et cela favorise même les apprentissages! Ce fut une découverte (et un soulagement!) pour moi.

Il en est de même pour la tenue sur la chaise: si je travaillais celle-ci surtout par rapport à la posture d’écriture, je remarquais également que la plupart des enfants n’arrivaient pas à rester bien longtemps assis le dos droit pieds au sol sur la chaise: certains se mettaient assis sur les genoux, d’autres assis un pied replié sous les fesses, d’autres parfois se mettaient sur le côté,… ! Et si nous pensions un seul instant à transposer cette situation pour nous adultes: n’est-il pas trop dur de rester assis sur une chaise deux heures d’affilée, alors que nous sommes capables de gérer davantage notre patience… et notre attention?

Il faut trouver un système qui permette à chacun d’être à l’aise pour apprendre, d’être le mieux disposé pour apprendre.

Enfin, ma plus grande frustration, celle de tous les enseignants je crois, était l’impression que je n’étais pas présente pour tous les élèves, que je ne pouvais pas m’investir quotidiennement pour chacun d’eux pour cause d’effectif, de temps, de surcharge de travail, … Il faut donc trouver un système qui me permette d’être plus présente pour chacun d’eux notamment en ce qui concerne le processus de lecture et la manipulation en mathématiques.

En résumé, il me fallait trouver un système qui s’adapte à tous en prenant au maximum les besoins de chacun.


J’ai déjà commencé à tester, rectifier mettre en oeuvre des dispositifs et nouvelles pratiques, pour mettre en place la classe flexible… je n’attends plus que le matériel.

Je dois garder à l’esprit que c’est le matériel qui est au service des dispositifs et non l’inverse: le fait de ne pas avoir encore en avoir pour le moment est donc un plus dans le sens où je peux vraiment cibler ce dont je vais avoir besoin les prochains mois et m’évite de partir dans tous les sens.

Je dois également garder à l’esprit que je suis face à un public particulier, des CP, c’est à dire des enfants qui sont dans un processus d’apprentissage de la lecture et de l’écriture: je ne peux avoir ni les mêmes exigences ni leur offrir les mêmes libertés que des élèves qui savent déjà lire et écrire.

2. Qu’est ce qui fonctionne bien dans ce que vous avez déjà mis en place en lien avec cette nouvelle pédagogie ?

Quelques exemples déjà vécus en trois semaines de classe:

.Dans les classes flexibles, l’enfant n’a pas de place attitrée:

Cela a posé un problème au niveau du matériel dans le casier… où celui-çi allait-il être rangé?

Cela a également posé un problème au niveau de ce que nous enseignant appelons ‘’combinaisons explosives’’: des enfants qui se retrouvent vite déconcentrés si on les laisse travailler à côté.

.Dans les classes flexibles, il y a des ateliers (ou des centres d’intérêts):

Ce qui m’a posé problème est que j’ai voulu faire des ateliers tournants: c’était aux élèves de se déplacer et l’atelier était en place. Beaucoup d’élèves se sont sentis perdus, se sachant plus aller dans quel atelier aller. Ne sachant à cet âge pas encore lire ni écrire, je ne peux encore mettre en place de tableaux nominatifs ou de fiches-guide comme j’ai pu le voir sur des blogs d’enseignantes.


J’ai donc essayé de trouver des solutions:

=> J’ai pensé au matériel collectif pendant quelques jours et me suis finalement dit qu’au CP les enfants doivent commencer à apprendre à gérer leur propre matériel. Finalement, chaque enfant a un tote-bag, sac en tissu, dans lequel il a son matériel de classe. Tous les matins, il prend son sac.

=> La classe est divisée en 3 groupes que j’ai moi-même constitués. Ils peuvent s’asseoir où ils veulent dans leur groupe. À ce stade, de l’année, c’est encore l’atelier qui vient à eux… mais cela sera peu à peu évolutif. Selon ce qui leur est proposé, ils peuvent travailler au sol et dans la position souhaitée: par exemple, en mathématiques, nous avons appris à jouer à la bataille: les groupes d’élèves se sont rapidement mis par terre, sur le tapis pour jouer; lors des temps de lecture, certains se mettent se mettent sur le ventre, assis sur le banc, s’assoient sur des carrés de mousse, se mettent en tailleur, …

À terme, chaque groupe devrait avoir le même nombre d’assises différentes proposées.

=> Le travail en atelier m’a permis de me sentir davantage présente pour mes élèves tout en essayant de leur proposer davantage d’autonomie. Pour le moment, je fonctionne ainsi en français et en mathématiques. Les temps de lecture se passent ainsi toujours au coin bibliothèque ce qui offre un petit cadre ’’cosy’’ et chargé de sens, et j’entends tous les élèves lire chaque jour; pendant ce temps les deux groupes sont en autonomie… et cela ne me prend pas plus de temps. Idem pour les temps de mathématiques, pendant lesquels je peux offrir aux élèves davantage de manipulations.

J’ai déjà commencé à tester, rectifier mettre en œuvre des dispositifs et nouvelles pratiques, pour mettre en place la classe flexible… je n’attends plus que le matériel.rs problèmes.

3. Quelles sont les difficultés que vous pensez rencontrer?

Tout d’abord un problème lié à l’espace: si elle n’est pas la plus petite de l’école, ma salle de classe n’est pas immense. Comment permettre à tous de bouger convenablement et leur offrir un cadre le plus agréable possible dans cet espace? J’ai commencé à repenser un peu l’aménagement mais je sais que cela n’est pas fini (mobilier, ilôt, mon bureau est-il essentiel?)

Je vais également rencontrer d’autres problèmes liés au fait que j’ai face à moi des élèves non scripteurs et non lecteurs: il va falloir que je m’adapte à eux, à leurs besoins et non à ce que je voudrais.

Je sais qu’il va y avoir un écart entre mes attentes et ce qui est réalisable…

Je l’ai bien compris, il s’agira de faire « à ma sauce »… et bien plus que d’être un frein, cela m’ouvrira je pense un champ des possibles plus large.


4. A quoi va vous servir l'aide financière apportée par l'association ?

L’aide financière apportée par l’association va me permettre de compléter les assises proposées aux enfants: swiss ball, coussins d’équilibre, plateaux de lit, ztool, tabourets 360 par exemple.



Merci Laura ! Educ'ange te souhaite bonne chance et te remercie au nom de tous les enfants :-)

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